Mon corps, mon ami

On est rarement ravi de son corps. Trop rond, pas assez proportionné, trop ceci ou pas assez cela. Et si on apprenait à le voir autrement…

La majorité de mes souvenirs d’enfance s’exprime à travers des sensations physiques.

L’eau tiède d’un petit lac près de Lyon, les cailloux ronds et plats dans le fond de l’eau translucide du « Grand large » où je péchais avec mon père, l’herbe de la cour où je jouais au foot avec les copains du quartier, la chaleur du soleil de l’été sur ma peau.

J’étais dans mon corps.

Et puis, en grandissant, je suis devenu une « tête », un brillant élève, à la fois philosophe et scientifique. Je me suis peu à peu éloigné de mon corps, même si j’ai tout de même réussi à ne pas complètement me couper de lui grâce au sport.

Aujourd’hui, la plupart des gens passent leurs journées à parler, lire et écrire par écrans interposés. Le monde virtuel dans lequel nous sommes désormais baignés est un espace qu’on ne peut toucher. Nos yeux et nos oreilles sont stimulés, mais nos autres sens sont endormis. Nous devenons peu à peu de simples témoins de la vie des autres sans la vivre vraiment, et peut-être aussi sans vivre la nôtre, par manque de sens, manque des sens.

D’autant plus que les étiquettes de perfection du corps apposées voire imposées par la société finissent par nous faire encore plus sentir en rupture avec notre corps lorsqu’il s’éloigne de cette perfection scénarisée.  Les photos, souvent retouchées, de corps sublimes, à la fois minces et musclés, éternellement jeunes, sans rides et sans bourrelets, finissent par nous asséner le message implicite qu’un corps parfait est essentiel au bonheur. 

Et, même si nous avons conscience du côté artificiel de ces images, elle arrivent à générer chez nous pas mal de désagréments voire de complexes, car nous prêtons encore beaucoup attention au regard extérieur.

A tel point que notre corps peut finir par devenir une prison si nous nous évertuons à le faire devenir ce qu’il n’est pas, ce qu’il ne peut pas être : la perfection.

Et pourtant, pour aimer son corps, il suffit simplement de penser à tout ce dont il est capable au lieu de le vouloir en « parfait » accord avec les images dont les marchands de beauté nous abreuvent inlassablement.

Redécouvrir les ressources et les merveilles de notre intérieur plutôt que se lamenter sur l’image pas toujours à notre goût de la façade que le miroir ou la société peut nous renvoyer.

Et si nous reprenions notre pouvoir ? 

Et si nous retrouvions un peu de la liberté d’être plutôt que l’obligation de paraître ?

Et si cet été, nous décidions de faire corps avec notre corps et de le célébrer.

Et si nous osions nous laisser aller à de doux corps à corps, de véritables corps à cœur…

Juste être.

Encore et en corps…

Bel été !

GérardS

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